Vous souhaitez exercer une activité de prestation de services en bénéficiant d’une certaine autonomie dans votre travail ? Vous pouvez choisir entre portage salarial et freelance. Ce choix n’est pas anodin. En effet, le régime juridique, social et fiscal est bien différent entre ces 2 statuts.
Cet article a pour objectif de décrire simplement et avec précision les différentes règles applicables au portage salarial et au freelancing.
Vous pourrez ainsi choisir un régime juridique qui répondra à vos besoins tout en favorisant le développement de votre activité.
Sans plus attendre, voici les principaux critères de sélection entre portage salarial et freelance.
Qu’est-ce que le portage salarial ?
Le portage salarial représente une relation tripartite entre :
- une entreprise de portage salarial ;
- un salarié porté ;
- les clients du salarié porté.
L’entreprise de portage salarial propose un CDD (pour une mission à durée limitée) ou un CDI (pour une ou plusieurs missions à durée indéterminée) à un salarié porté. Le salarié porté garde quant à lui une certaine autonomie concernant :
- le choix de ses clients ;
- ses missions ;
- ses conditions de travail ;
- le tarif de ses prestations.
En d’autres termes, c’est au salarié porté de trouver ses clients et ses missions. La société de portage salariale ne fournit pas de travail au salarié porté. Cette dernière se contente de gérer toutes les tâches administratives, comptables et fiscales pour le compte du salarié porté. De même, ce type d’entreprise propose également un certain nombre d’avantages propres au salariat.
Attention : seuls les prestataires de services pouvant justifier une qualification de niveau 5 (Bac + 2 ou 3 ans d’expérience professionnelle) peuvent devenir salarié porté. De même, un certain nombre d’activités sont exclues du portage salarial, telles que les services à la personne. Par conséquent, n’hésitez pas à vous renseigner en amont sur la possibilité de devenir salarié porté.
Les clients du salarié porté paient quant à eux la prestation directement auprès de l’entreprise de portage salarial. L’entreprise de portage salarial va par la suite défalquer les cotisations sociales, l’impôt sur le revenu prélevé à la source et les frais de gestion du chiffre d’affaires global du salarié porté avant de lui verser un salaire. Un salarié porté bénéficie ainsi de fiches de paie, comme un salarié.
Qu’est-ce que le statut freelance ?
Le statut freelance fait référence à un travailleur indépendant en entreprise individuelle. Le freelance est un entrepreneur qui crée une entreprise ou une société pour exercer une ou plusieurs activités économiques.
Plusieurs statuts juridiques sont appropriés pour exercer une activité en tant que freelance :
- la micro-entreprise, qui représente une entreprise individuelle avec un régime fiscal et social simplifié (régime micro-BIC ou micro-BNC) ;
- l’entreprise individuelle (EI) ;
- l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) ;
- la société par actions simplifiées unipersonnelle (SASU).
Dans ce cas, le freelance reste maître à bord dans son entreprise. Ce dernier doit gérer son activité ainsi que toutes les tâches administratives, comptables et fiscales. Il est possible de déléguer certaines tâches complexes à d’autres prestataires, tels qu’un expert-comptable. Dans ce cas, le freelance doit rémunérer ces prestataires.
Le statut de freelance impose ainsi une plus grande implication concernant la gestion de l’entreprise en plus de l’activité du freelance.
Comment choisir entre portage salarial et freelance ?
Lorsque vous avez le choix entre portage salarial et freelance, plusieurs critères sont à prendre en compte pour faire un choix éclairé.
Les conditions de travail
En portage salarial, le salarié porté bénéficie d’une plus grande flexibilité concernant les conditions de travail par rapport à un salarié lambda. En effet, le salarié porté choisit ses clients, ses conditions de travail et ses tarifs.
Cependant, le salarié porté doit générer un minimum de chiffre d’affaires pour percevoir un salaire. En effet, une entreprise de portage salarial a l’obligation légale de verser un salaire minimum à ses salariés portés. De ce fait, le salarié porté doit générer un chiffre d’affaires minimum pour travailler en portage salarial.
En freelance, l’entrepreneur n’a de compte à rendre à personne. De ce fait, le freelance peut choisir ses clients, ses conditions de travail et ses tarifs. La principale différence avec le portage salarial est que le freelance n’a pas de pression concernant le chiffre d’affaires à réaliser. En effet, le freelance est libre de choisir son rythme de travail selon ses besoins financiers et ses projets.
La protection sociale
La protection sociale représente un critère décisif. En effet, la différence est sans appel entre le portage salarial et le statut freelance sur ce point.
Le portage salarial permet de bénéficier d’une protection sociale complète similaire à celle des salariés. Un salarié porté bénéficie ainsi :
- d’une assurance maladie complète ;
- d’une prévoyance ;
- de cotisations pour la retraite et la retraite complémentaire :
- de droits au chômage.
En comparaison, le statut de freelance comprend :
- une assurance maladie dont la couverture peut dépendre du chiffre d’affaires réalisé ;
- des cotisations pour la retraite qui peuvent être limitées selon la nature de l’activité exercée par le freelance.
En tant que freelance, vous ne cotisez pas pour le chômage. De ce fait, vous ne pouvez pas recharger vos droits au chômage en exerçant une activité freelance. Si vous souhaitez percevoir une rémunération de substitution en cas d’inactivité, vous pouvez souscrire une assurance chômage privée. Ce constat vaut également pour la prévoyance santé, afin de vous prémunir d’un accident ou d’une maladie longue durée.
La rémunération
La rémunération varie également entre le portage salarial et le statut freelance, à chiffre d’affaires égal.
Un salarié porté bénéficie d’un salaire versé par l’entreprise de portage salarial. Ce salaire correspond au chiffre d’affaires réalisé par le salarié porté après paiement des cotisations sociales, de l’impôt sur le revenu, des différentes taxes et des frais de gestion appliqués par la société de portage salarial. Le taux de cotisations sociales est plus élevé en portage salarial qu’en freelance. En contrepartie, vous bénéficiez d’une meilleure protection sociale. Cependant, votre salaire sera moins élevé que votre rémunération en freelance à chiffre d’affaires égal.
En freelance, vous payez moins de cotisations sociales et vous ne payez pas de frais de gestion. Par conséquent, votre rémunération sera plus élevée. Ce constat est à tempérer si vous choisissez de souscrire des assurances privées (prévoyance, chômage)…
Les seuils de chiffre d’affaires
Le portage salarial permet de générer un chiffre d’affaires sans limitation.
Le statut de freelance en micro-entreprise intègre quant à lui un seuil de chiffre d’affaires à ne pas dépasser pour rester sous ce statut. Pour rappel, le seuil de chiffre d’affaires à ne pas dépasser dans le cadre d’une activité libérale en micro-entreprise est fixé à 77 700 € brut annuel.
Les autres statuts possibles en freelance tels que l’EI, l’EURL ou bien encore la SASU ne sont pas soumis à des seuils de chiffre d’affaires.
La franchise en base de TVA
Les entreprises qui ne dépassent pas un certain seuil de chiffre d’affaires peuvent bénéficier du régime de franchise en base de TVA. Ce régime permet d’être exonéré de l’application de la TVA sur ses ventes. En cas d’application de la TVA, ce sera au freelance de déclarer et de reverser la TVA à l’État.
En portage salarial, il n’est pas possible de bénéficier du régime de franchise en base de TVA. De ce fait, un salarié porté applique automatiquement la TVA sur toutes ses ventes. Dans ce cas, c’est l’entreprise de portage salarial qui se charge de déclarer et de reverser la TVA à l’État pour le compte du salarié porté.
La crédibilité vis-à-vis des organismes bancaires
Le statut de freelance n’est pas le plus apprécié auprès des organismes bancaires. En tout début d’activité, les banques sont peu enclines à accepter un crédit immobilier ou un crédit à la consommation. Les banques demandent un certain nombre d’années d’activité avec un chiffre d’affaires minimum et stable.
En portage salarial, vous êtes considéré comme un salarié. Vous pouvez ainsi bénéficier d’un CDI. Par conséquent, dès que vous avez plusieurs fiches de paie, vous pouvez plus facilement souscrire un crédit et notamment un crédit immobilier. De ce fait, un salarié porté peut plus facilement acheter ou même louer un logement après seulement quelques mois d’activité, tandis qu’un freelance doit généralement justifier de plusieurs années d’activité.
Conclusion : portage salarial ou freelance ?
Tout dépend de vos attentes concernant vos besoins en flexibilité et en sécurité. En règle générale, le portage salarial est l’option choisie lorsqu’un freelance a pu tester la viabilité de son activité et souhaite désormais bénéficier des avantages du salariat tout en gardant son autonomie.
Si vous hésitez entre les deux statuts, vous pouvez également cumuler portage salarial et freelance.