Tous les chefs/responsables de projet le savent : un projet IT n’est jamais simple et, le mener à son terme, nécessite de nombreuses compétences. D’ailleurs, il en est une qui est cardinale : choisir la méthode adéquate, parmi la myriade d’approches disponibles.
Cet article vise à lever le voile sur les principales méthodes de gestion de projet, offrant un aperçu complet et éclairé de leurs philosophies sous-jacentes, de leurs processus clés et de leurs domaines d’application privilégiés.
Préparez-vous à acquérir une compréhension globale qui vous permettra de choisir en toute confiance la méthode la mieux adaptée à vos projets, vos équipes et votre environnement de travail. Finis les tâtonnements et les faux pas coûteux !
Les enjeux et les objectifs de la gestion de projet
Qu’est-ce que la gestion de projet ?
La gestion de projet consiste en la planification, l’organisation et la mise en œuvre coordonnée d’un ensemble d’activités interdépendantes, dans le but d’atteindre des objectifs spécifiques dans les délais impartis et avec les ressources allouées.
Son importance est capitale, car elle permet d’optimiser l’utilisation des ressources, de minimiser les risques et de maximiser les chances de réussite d’un projet, quelle que soit son ampleur ou sa complexité.
Parmi ses nombreux avantages, la gestion de projet offre une vision d’ensemble claire, facilite la communication entre les parties prenantes, assure un suivi rigoureux des progrès et aide à prendre des décisions éclairées tout au long du cycle de vie du projet.
Focus sur le rôle du chef de projet
Au cœur de ce processus complexe se trouve le chef de projet (MOE ou MOA) : le véritable chef d’orchestre dont les responsabilités sont multiples :
Rôles | Tâches |
Leadership | Motiver et guider l’équipe, résoudre les conflits |
Planification | Définir les objectifs, le calendrier et les budgets |
Gestion des risques | Identifier, évaluer et atténuer les risques |
Communication | Tenir toutes les parties prenantes informées |
Suivi et contrôle | Superviser les progrès, ajuster si nécessaire |
Gestion des ressources | Allouer efficacement le personnel et les équipements |
Le chef de projet idéal est un stratège avisé, un communicateur hors pair et un gestionnaire de talent, capable de jongler avec les impératifs techniques, humains et commerciaux pour mener son équipe vers le succès.
Les méthodes traditionnelles de gestion de projet
Mais tout bon chef de projet ne saurait l’être sans une bonne méthodologie. Nous avons compilé les principales méthodologies de gestion de projet avec leurs forces et faiblesses et leur cadre d’usage idéal.
La méthode en cascade (Waterfall)
La méthode en cascade, aussi connue sous le nom de « Waterfall », est l’une des plus anciennes et des plus traditionnelles approches de gestion de projet.
Son principe fondamental repose sur une exécution séquentielle des phases du projet, chacune devant être entièrement terminée avant de passer à l’étape suivante. Cette linéarité stricte permet une planification détaillée dès le début et offre une structure claire aux équipes.
Voici un aperçu de son déroulement typique :
Analyse des besoins > Conception > Développement > Tests > Déploiement > Maintenance
Ses principaux avantages résident dans sa simplicité de mise en œuvre, sa capacité à produire une documentation exhaustive et sa facilité de gestion grâce à des jalons clairement définis.
Toutefois, elle présente également des inconvénients notables, tels qu’un manque de flexibilité face aux changements de cap, un délai important avant de voir des résultats concrets et un risque élevé d’accumulation d’erreurs en raison du manque de retours d’expérience en cours de projet.
Dès lors, la méthode en cascade convient particulièrement aux projets dont les exigences sont stables, bien définies et peu susceptibles d’évoluer.
La méthode du Cycle en V
Dérivée de la méthode en cascade, le Cycle en V vise à pallier certaines de ses lacunes en intégrant des phases de validation tout au long du processus.
Chaque étape de conception est ainsi suivie d’une étape de vérification, permettant de s’assurer que les livrables répondent aux exigences spécifiées avant de progresser vers la phase suivante.
Cette double boucle itérative apporte plus de flexibilité et de contrôle qualité, en réduisant les risques d’erreurs coûteuses en aval.
Bien que plus robuste que la méthode en cascade pure, le Cycle en V reste une approche relativement rigide, inadaptée aux projets sujets à de fréquents changements de cap ou nécessitant une grande agilité.
Pour en savoir plus : guide complet du cycle en V
La méthode PERT
La méthode PERT (Program Evaluation and Review Technique) se concentre sur l’analyse fine des tâches à réaliser et l’identification du chemin critique, c’est-à-dire l’enchaînement des tâches qui déterminent la durée minimale du projet.
En visualisant clairement les dépendances entre les activités, le chef de projet peut ensuite optimiser l’allocation des ressources et simuler divers scénarios pour réduire les risques de retard.
Grâce à cette approche analytique, le PERT permet d’estimer plus précisément les délais, de détecter les goulots d’étranglement potentiels et de prioriser les tâches critiques.
Malgré tout, il requiert une planification minutieuse en amont et peut rapidement devenir complexe pour les projets de grande envergure comportant de nombreuses dépendances entrecroisées.
Les méthodes agiles de gestion de projet
La méthode Scrum
Scrum est sans conteste l’une des méthodes agiles les plus populaires et les plus répandues. Fondée sur une approche itérative et incrémentale, elle prône la flexibilité, la transparence et l’adaptation continue aux changements de l’environnement.
Au cœur de Scrum se trouve l’équipe pluridisciplinaire auto-organisée, composée généralement d’un Product Owner, d’un Scrum Master et des membres de l’équipe de développement. Chacun a un rôle bien défini :
- Le Product Owner représente les parties prenantes et gère le backlog produit, en hiérarchisant les fonctionnalités à développer.
- Le Scrum Master est le garant du cadre Scrum ; il facilite son adoption et résout les obstacles.
- L’équipe de développement réalise le travail technique de manière collaborative.
Les artefacts clés de Scrum comprennent le backlog produit, le backlog sprint (tâches à réaliser pendant le sprint) et l’incrément potentiellement livrable à l’issue de chaque sprint.
Voici le déroulement typique d’un projet Scrum :
- Le backlog produit est dressé et priorisé.
- Des sprints de 2 à 4 semaines sont planifiés.
- Chaque sprint commence par une réunion de planification du sprint.
- Le travail est réalisé de manière collaborative et incrémentale.
- Des réunions quotidiennes de 15 minutes permettent un suivi régulier.
- À la fin du sprint, il y a une revue du sprint et une rétrospective.
Grâce à ses itérations courtes, ses fréquents feed-backs et son agilité intrinsèque, Scrum permet de s’adapter rapidement aux changements et de livrer de la valeur de manière continue. Pour autant, son succès est conditionné à une adoption complète du framework et d’une réelle autonomie des équipes.
La méthode Kanban
Dérivée des principes Lean visant à éliminer le gaspillage, Kanban est une méthode agile de gestion des flux de travail. Son objectif est de visualiser le processus de production, d’en limiter la charge en cours et d’optimiser continuellement son déroulement.
Le cœur de Kanban réside dans son kanban board – généralement un tableau ou un outil numérique – représentant les différentes étapes du flux de travail sous forme de colonnes.
Des cartes ou post-its représentent les tâches à réaliser, progressant de colonne en colonne au fur et à mesure de leur avancement.
En limitant le nombre maximal de tâches « en cours », Kanban contraint les équipes à se concentrer sur les tâches les plus prioritaires, réduisant ainsi les risques de surcharge et de gaspillage.
L’accent est mis sur un flux de travail stable et prévisible, s’améliorant en continu grâce aux feed-backs issus de métriques telles que le temps d’écoulement (lead time) et le temps de cycle (cycle time).
Scaled Agile Framework (SAFe)
SAFe est un cadre de référence complet et éprouvé permettant de mettre à l’échelle les méthodes agiles pour les grandes entreprises et les projets de grande envergure.
Il s’appuie sur les principes lean et agile tout en apportant une structure d’organisation et de gouvernance indispensable pour les initiatives de grande ampleur.
Pour en savoir plus : article complet sur SAFe
eXtreme Programming (XP)
XP est une méthodologie agile très répandue, axée sur les bonnes pratiques techniques et la productivité des équipes de développement.
Elle prône des cycles de développement courts, des livraisons fréquentes et un processus itératif avec de nombreux tests.
Cycle typique d’un projet XP :
- La définition des stories utilisateurs priorisées.
- La release planning (planification des livraisons).
- Les itérations de quelques semaines comportant :
- Des tests unitaires ;
- Des développements en binôme ;
- Des intégrations et livraisons fréquentes ;
- Des rétrospectives à chaque fin d’itération ;
- La mise en production régulière.
Bien qu’essentiellement technique, XP implique également un changement culturel fort avec une grande autonomie des équipes, une communication soutenue et une acceptation du changement permanent.
Autres méthodes de gestion de projet
La gestion de projet Lean (Lean PM)
Inspirée des principes du Lean Manufacturing visant à éliminer les gaspillages, la gestion de projet Lean transpose cette philosophie d’optimisation continue au domaine du management de projet. Son objectif ? Maximiser la valeur délivrée tout en réduisant les pertes de temps, d’argent et d’efforts inutiles.
Dans une approche Lean, l’accent est donc mis sur un flux tendu, une livraison rapide, une grande flexibilité et une remise en cause permanente du statu quo.
La méthode Scrumban
Scrumban, comme son nom l’indique, est une méthodologie hybride combinant les forces de Scrum et de Kanban. Elle emprunte le cadre itératif de Scrum tout en intégrant la visualisation et la limitation du travail en cours propres à Kanban.
Typiquement, une équipe Scrumban utilise un kanban board physique ou numérique pour visualiser le flux de travail et les tâches en cours. Elle planifie ensuite par itérations de quelques semaines (à la manière de Scrum) en tirant seulement un nombre limité de tâches du backlog.
Critical Chain Project Management (CCPM)
La méthode CCPM est une variante de la célèbre méthode du chemin critique, mais qui vise à mieux prendre en compte les contraintes de ressources limitées et les aléas inhérents à tout projet.
Au lieu de se concentrer uniquement sur le chemin le plus long, elle identifie la « chaîne critique », c’est-à-dire l’enchaînement des tâches dépendantes des mêmes ressources contraintes et qui détermine la date d’achèvement du projet.
Comment choisir sa méthode de gestion de projet ?
On le comprend, le choix d’une méthode de gestion de projet adaptée est primordial pour maximiser les chances de succès. À ce titre, plusieurs critères clés doivent être pris en compte :
- Type et complexité du projet (taille, durée, nombre de livrables).
- Exigences et contraintes clients (stabilité, flexibilité, reporting).
- Environnement (réglementations, risques, type d’industrie).
- Composition et culture de l’équipe (localisation, expertises, maturité).
- Ressources et budget disponibles.
Par exemple, un projet avec des exigences clairement définies et peu susceptibles de changer se prêtera mieux à une approche prédictive comme la méthode en cascade. À l’inverse, un projet innovant et évolutif nécessitera davantage d’agilité.
À noter qu’il n’existe pas de solution unique. Une analyse minutieuse du contexte du projet et des forces en présence est indispensable pour déterminer la meilleure voie à suivre.
Quelques exemples de logiciels et outils de gestion de projet
De nombreux outils logiciels viennent aujourd’hui faciliter la gestion de projet, quelle que soit la méthodologie choisie :
Gestion traditionnelle :
- Microsoft Project : incontournable pour la planification des tâches.
- Cerri Project : solution SaaS complète de gestion de portefeuille.
- Basecamp…
Méthodes Agiles :
- Jira (Atlassian) : n°1 pour la gestion des projets Agile (Scrum, Kanban).
- Trello : solution Kanban simple et intuitive.
Outils hybrides et collaboratifs :
- Asana : combine Gannt, Kanban, workflows réglés et collaboratif.
- Wrike : fonctionnalités riches pour différentes méthodologies.
- Monday.com : plateforme visuelle no-code personnalisable.
Au final, le choix d’une méthodologie dépend des spécificités du projet, de l’équipe et de l’organisation. L’essentiel étant de rester à l’écoute de son environnement pour ajuster en permanence son approche et maximiser ses chances de réussite.