Entre la hausse continue des coûts liés aux outils numériques, la pénurie de profils qualifiés et l’explosion des projets digitaux, la gestion budgétaire des directions IT devient un véritable défi en 2025. Les DSI doivent jongler entre ambition numérique et discipline financière. Ce défi n’est pas seulement comptable, il relève d’une véritable méthode de pilotage. L’enjeu : comment mettre en œuvre une stratégie IT performante, sans perdre le contrôle des dépenses ?
Pourquoi les budgets IT dérapent-ils souvent ?
Les dépassements budgétaires en IT ne sont pas uniquement dus à des problèmes d’exécution. Ils sont souvent structurels. L’une des raisons principales réside dans la sous-estimation de la complexité des projets.
Des sujets comme le multi-cloud, l’intelligence artificielle et la cybersécurité exigent des compétences spécialisées et mobilisent plusieurs équipes. Chaque friction, qu’il s’agisse de retard, de réajustement des spécifications ou d’un changement d’échelle, entraîne des coûts supplémentaires qui n’avaient pas été anticipés.
Un autre problème courant réside dans les coûts invisibles du cloud. Lorsqu’une mauvaise gestion du FinOps est mise en place, cela peut entraîner jusqu’à 30 % de dépenses inutiles. Beaucoup d’entreprises souffrent d’un manque de visibilité sur leur consommation réelle des ressources cloud, ou ne définissent pas de limites claires par équipe. Cela conduit à des dérives budgétaires non maîtrisées.
L’accumulation de systèmes legacy est également une cause majeure de dépassement budgétaire. Au fil des années, des couches de technologies anciennes se superposent sans qu’il y ait de rationalisation des outils. Le résultat est un système d’information (SI) rigide et coûteux à maintenir, ce qui complexifie toute évolution technologique et accroît les dépenses liées à la maintenance.
Enfin, la pénurie de compétences dans des domaines clés comme le cloud, l’IA et la cybersécurité est une autre source de tensions budgétaires. Le ralentissement des projets, les difficultés de recrutement et la dépendance accrue à des prestataires externes augmentent les coûts. Par ailleurs, plusieurs études soulignent le manque d’investissement dans la formation continue, ce qui aggrave la situation face à des besoins de compétences en constante augmentation.
Les conséquences pour les entreprises
Les conséquences des dépassements budgétaires et des projets échoués peuvent être significatives pour les entreprises. En moyenne, un projet annulé peut entraîner des pertes considérables, tandis qu’un projet raté engendre des coûts bien plus élevés.
Ces surcoûts se traduisent souvent par des retards dans la transformation numérique, des dépenses imprévues et une perte de compétitivité croissante. De plus, de nombreux dirigeants estiment que leur entreprise accuse un retard par rapport à ses concurrents en matière de transformation digitale.
Cette situation génère des tensions internes, notamment parce que près de la moitié des directeurs des systèmes d’information (DSI) prévoient des négociations budgétaires difficiles avec leur direction dans les mois à venir.
Bonnes pratiques pour une stratégie IT performante en 2025
Piloter une stratégie IT performante en 2025 exige une gestion plus rigoureuse et une approche méthodologique. L’une des premières mesures à adopter est une gouvernance renforcée. Mettre en place un comité de pilotage inter-métiers est essentiel pour pouvoir arbitrer les projets en fonction de la valeur réelle qu’ils apportent à l’entreprise, plutôt qu’en fonction de considérations internes ou politiques. Cette gouvernance permet de garantir que les priorités sont alignées avec les objectifs stratégiques de l’entreprise.
L’autre levier crucial est l’adoption du FinOps pour optimiser les coûts liés au cloud. Le cloud étant un poste majeur de dépenses pour les entreprises, il devient essentiel d’adopter une gestion des coûts basée sur des coûts variables et de suivre les dépenses en temps réel. Cela permet de limiter les dérives budgétaires et d’assurer une meilleure transparence sur la consommation des ressources, facilitant ainsi une gestion proactive des coûts.
De plus, il est primordial de procéder à une rationalisation du SI. Au fur et à mesure des années, des applications redondantes ou inutilisées peuvent s’accumuler, créant un système difficile à maintenir. En décommissionnant les applications inutiles et en simplifiant l’architecture du SI, les entreprises peuvent libérer des ressources financières et humaines pour se concentrer sur des projets innovants et stratégiques.
L’agilité des ressources : l’importance des freelances
Les freelances représentent une solution flexible et efficace pour gérer les coûts tout en ayant accès à des compétences pointues. Cette flexibilité permet aux entreprises d’adapter leurs ressources en fonction des besoins spécifiques de chaque projet sans augmenter de manière permanente leur masse salariale.
Les freelances apportent également un regard neuf et une rapidité d’exécution, éléments essentiels dans un environnement de plus en plus compétitif. En combinant des ressources internes avec des freelances, les entreprises peuvent optimiser leurs coûts tout en restant réactives et innovantes.
Les tendances à suivre pour 2025
Trois tendances majeures émergent pour 2025, auxquelles les DSI doivent accorder une attention particulière.
La cybersécurité est, sans surprise, l’une des priorités : 80 % des DSI prévoient d’augmenter leurs budgets sécurité afin de répondre aux menaces croissantes.
L’IA arrive en deuxième position, avec 74 % des dirigeants affirmant qu’elle bouleversera leur secteur, mais ils exigent un retour sur investissement rapide. Pour cela, il est crucial de cibler des cas d’usage précis, mesurables et soutenus par une gouvernance solide.
Enfin, le Green IT, ou la réduction de l’empreinte carbone des infrastructures IT, représente une tendance forte qui, au-delà de son aspect environnemental, permet également de réduire les coûts d’infrastructure, de matériel et de consommation.
Conclusion
En 2025, concilier innovation IT et rigueur budgétaire n’est plus un choix, mais une nécessité. Une stratégie IT performante repose sur des arbitrages clairs, des outils de pilotage comme le FinOps, un SI rationalisé, et une combinaison de compétences internes et freelances bien coordonnées. En se concentrant sur la valeur créée, les DSI pourront innover et répondre aux défis technologiques sans laisser leurs budgets exploser.
