Alexis Minchella a accepté de prendre la parole sur FreelanceTalks pour nous parler de son expérience du freelancing. Il nous explique ce qui l’a motivé à quitter son travail salarié en 2018, il nous parle également de son podcast Tribu Indé, de son livre et de ses futurs projets.
Attention : interview très inspirante, prenez un bon verre d’eau et mettez vous à l’aise!
1. Peux-tu te présenter, nous parler de ton expertise, ce que tu proposes à tes clients ?
Je m’appelle Alexis Minchella. J’ai une double casquette. Je suis à la fois le créateur d’un podcast qui s’appelle Tribu Indé, que j’ai créé en mars 2019. L’objectif, dès le démarrage, c’était de permettre à n’importe quel indépendant de pouvoir progresser dans son activité. Et pour ça, je rencontre d’autres indépendants, d’autres créateurs qui sont plus avancés que moi généralement pour un peu comprendre leurs stratégies, leurs clés de succès, ce qui a aussi moins bien marché justement pour donner tous ces clés-là à d’autres freelances que moi.
Et puis, au fur et à mesure, j’ai rajouté des briques et très récemment, en janvier 2021, j’ai écrit mon premier livre Freelance : l’aventure dont vous êtes le héros aux éditions Eyrolles pour, encore une fois, aller encore plus loin et donner vraiment la vraie méthodologie que moi j’ai utilisée quand je me suis lancé en freelance et que je continue d’utiliser sur les sujets d’offre, de positionnement, de facturation, de gestion client, d’onboarding client, de récurrence, de personal branding, de création de contenu, bref, tous ces sujets-là. Je les ai encapsulés dans un livre, qui fait quasiment 300 pages. Ça, c’est la partie, je dirais, Tribu Indé, c’est la partie pour laquelle la plupart des gens me connaissent aujourd’hui.
À côté, je suis quand même freelance. C’est comme ça qu’aujourd’hui je gagne ma vie et ça représente 80% de mes revenus. Moi, je me suis lancé en freelance en 2017, j’étais encore étudiant. À la suite d’un stage de fin d’études, je continue avec cette boîte-là pour les quelques mois qu’il me restait d’école. Et puis, je continue le freelancing à côté de mon premier job le soir et le weekend. Je travaillais pour une plateforme de freelance, que vous connaissez sûrement très bien. J’ai travaillé du coup le soir et le weekend pour d’autres clients que j’avais sur la demande entrante. Et c’est seulement en décembre 2018 que je me suis lancé à temps plein pour pouvoir vivre complètement de mon activité.
Concrètement, qu’est-ce que je propose en termes d’expertise ? J’ai commencé sur des sujets très généralistes de création de contenu, de content marketing, de rédaction d’article, de livre blanc, de stratégie de contenu au sens large, pour des boîtes B2B plutôt tech, voire SaaS. Et puis au fur et à mesure, j’ai affiné le positionnement. Et aujourd’hui, je suis exclusivement… je fais du copywriting, donc la refonte ou from scratch de site internet, la création de landing page, l’audit et du séquençage email, de l’outbound, email, enfin voilà, tous les sujets liés au copywriting, que vous connaissez sûrement. Voilà un petit peu ce que je propose à mes clients, aujourd’hui.
2. Quand t’es tu lancé en freelance et qu’est-ce qui t’a motivé à te lancer ?
Je me rends compte que j’ai déjà un peu répondu à cette question juste avant 🙂 Je vais développer !
Ce qui est intéressant, c’est que tu as beaucoup de freelance qui vont te raconter que tu te lances pour avoir un peu plus de liberté, pouvoir voyager etc. même si aujourd’hui, c’est un peu plus compliqué que prévu de voyager.
Moi, je me suis plutôt lancé parce que quand j’étais salarié, globalement, j’avais des horaires de salarié classiques et j’avais du mal à prendre le temps de lancer d’autres projets, j’avais plein d’idées de projet, mais qui traînaient sur des carnets ou sur mon ordinateur, et je n’avais pas le temps de les lancer.
Et quand je me suis lancé en freelance, j’ai vu l’opportunité de mieux arranger mon temps, même si on n’a pas la totale liberté comme certains aiment le dire, on reste quand même au service de nos clients. Mais du coup, j’avais plus de temps, en tout cas la liberté d’organiser mon temps, un peu comme je voulais sans forcément me rendre de comptes à des managers. Et ça, c’est presque la première raison pour laquelle je me suis lancé, d’avoir le temps de lancer des projets. Et je n’aurais jamais pu lancer Tribu Indé et m’y investir autant si j’avais continué d’être salarié. Donc, voilà plutôt la motivation.
J’aime bien dire aussi qu’en freelance, on a l’avantage de pouvoir choisir ses contraintes. Si j’ai envie de bosser le dimanche, je bosse le dimanche. Si j’ai envie d’être off le mardi après-midi, je suis off. Et c’est plutôt cette motivation-là qui m’a… c’est plutôt ces réflexions-là qui m’ont poussé à me lancer.
3. Comment fais tu pour trouver des clients ? Démarchage, recommandations, plateformes … ?
Question hyper intéressante, et je trouve ça intéressant de pouvoir y répondre maintenant. Dans le livre d’ailleurs, j’en parle dès les premiers chapitres. Ce qui est intéressant, c’est que moi, lorsque je me suis lancé, j’ai mes premiers clients lorsque je faisais ça un peu à côté de mon job, c’était beaucoup d’inbound, c’était beaucoup d’entrants, parce qu’à l’époque, j’écrivais un petit peu sur internet, sur Medium notamment, je commençais à avoir mon blog perso et puis, j’étais plus ou moins actif sur LinkedIn. Et donc, j’ai eu pas mal de clients entrants. Et ces mêmes clients, ces premiers clients entrants m’ont recommandé à d’autres clients.
Et donc sur les deux premières années, ce n’étaient pas des grosses missions qui prenaient beaucoup de temps, ce n’étaient pas non plus des grosses missions stratégiques, c’était beaucoup d’opérationnel, mais c’était beaucoup de recommandations et de demandes entrantes.
Quand je me suis lancé à temps plein, il fallait que je remplisse le pipe le plus vite possible. Du coup, ça a été un mix entre deux choses, entre mon réseau et puis la partie prospection.
Sur la partie réseau, j’ai utilisé d’ailleurs une matrice dont je parle dans le livre, la matrice pouvoir proximité. L’idée, c’est que j’ai cartographié mon réseau à la fois sur LinkedIn, mon réseau d’anciens collègues que j’avais, de réseau pro que je pouvais avoir ou même des amis qui étaient dans des boîtes. Et j’ai matricé mon réseau sous deux catégories, la partie pouvoir. L’idée, c’était de savoir est-ce que ces personnes-là que j’avais dans mon réseau avaient potentiellement le pouvoir de décision par rapport à mon sujet, qui était la partie marketing, donc globalement, est-ce que c’étaient des content marketers, des content managers, des CMO et des directeurs marketing ?
Et puis ensuite, il y avait le sujet proximité, le pouvoir proximité, proximité, pareil, de me dire c’était quoi le niveau de proximité que j’avais avec ces gens-là, encore une fois de 1 à 10. Ce qui m’a permis en fait déjà d’avoir une moyenne entre pouvoir et proximité et de contacter les 15, 20 premières personnes qui ressortaient avec la plus forte moyenne. Et ça, globalement, c’est la moitié de ma prospection, puisque j’utilisais mon réseau.
Et puis sur la partie vraiment prospection à froid, j’avais quelques entreprises en tête, notamment des startups, puisque c’est mon cœur de cible, et donc il y avait des boîtes avec lesquelles j’avais envie de bosser à la fois parce que je trouvais que le produit était cool, mais parce que je voyais déjà un intérêt de bosser avec ces boîtes-là et ces personnes-là, parce qu’il y avait des vrais sujets en interne et surtout que ça me permettait de créer des références, parce que c’étaient notamment des boîtes qui étaient bien connues et bien implantées dans l’écosystème startup. Et si je bossais avec ces boîtes-là, globalement, c’étaient des bonnes références pour aller chercher d’autres clients derrière.
Donc, je te dirais réseau et prospection. Réseau, je te dirais 60-65%, et puis le reste, côté prospection, sur mes premiers mois. Et ensuite, ça a un petit peu inversé avec Tribu Indé, le développement, et puis j’ai eu beaucoup de clients sur les deux années-là. Globalement, mes clients, je les garde entre deux et trois mois. Donc, je n’ai pas besoin d’avoir non plus beaucoup de clients. Et puis aujourd’hui, ce n’est quasiment que de l’entrant ou de la recommandation.
4. Quelle a été ta plus grosse « galère » en tant que freelance ? Comment t’en es-tu sortie ?
Bonne question. Je touche du bois, mais je n’ai pas eu tellement de galère avec mes clients. Ce qui se passe, c’est que moi, mes processus d’avant-ventesont assez longs, déjà parce que les missions sont assez stratégiques, durent longtemps et ont des budgets aussi conséquents, et donc je passe beaucoup de temps à qualifier mes prospects avant de signer avec eux. Légèrement, je commence souvent avec des petits projets, c’est-à-dire qu’on se met d’accord sur les plus gros projets, mais les premières signatures sont sur les petits projets pour justement limiter les risques que ça se passe mal et que j’ai quelques galères avec mes clients.
Mais une des galères que j’ai eue, je pense que c’était l’un de mes premiers clients quand je me suis lancé vraiment à temps plein, qui venait d’une recommandation en plus, sur quelque chose d’extrêmement opérationnel, il fallait que je fasse des interviews pour un blog, il fallait que je crée des cas clients. Dès le démarrage, ce client-là a vachement négocié sur le prix, il jouait vachement sur la comparaison avec d’autres devis que cette personne-là avait reçus. Et ça n’a pas loupé, ça a été une mission où la communication n’a pas été dingue, je n’avais pas beaucoup de nouvelles du client. Dès que j’en avais, il fallait lui répondre dans la journée, donc mission assez compliquée. Et par rapport au temps passé, je ne m’y retrouvais pas forcément.
Comment est-ce que j’en suis sorti ?
J’ai clôturé la mission prématurément. Je ne suis pas allé au bout de la mission, parce que je lui ai dit que la manière dont on travaillait ne me convenait pas forcément. En revanche, je ne l’ai pas laissé comme ça, je lui ai proposé de travailler avec un autre freelance, notamment une autre freelance avec qui j’avais déjà travaillé. Et je lui ai onboardéet puis je lui ai laissé la main sur le projet. Ce qui fait que le client a pu continuer la mission et moi, j’ai pu sortir tranquillement en étant payé pour ce que j’avais fait et sortir de ce client qui était toxique pour moi par rapport à d’autres clients que j’avais déjà.
5. Si tu pouvais t’adresser à ton toi des débuts, celui qui venait de se lancer, quel conseil lui donnerais-tu ?
Je lui dirais exactement ce que je me suis dit au moment où je me lançais, justement de prendre le temps de préparer l’après, notamment moi après le salariat, de ne pas me lancer sur un coup de tête. Moi, ça a été une décision qui a été durement réfléchie. Et je pense que ça a été un avantage aussi de garder mon job salarié pendant un petit moment et de continuer et de ré-accélérer surtout sur les derniers mois, je dirais sur les deux-trois derniers mois de mon activité en tant que salarié, d’accélérer sur la partie mission, donc ça faisait des grosses semaines, mais au moins la transition elle est plus simple entre ben j’ai des grosses semaines, j’ai potentiellement un salaire qui tombe aussi à la fin du mois à OK je me lance et donc il faut que j’aille trouver des clients.
Là, en fait, quand je me suis lancé en freelance, j’avais déjà des missions qui allaient se terminer et je commençais à renouveler directement un pipe commercial alors que je venais de me lancer.
Donc, je dirais de prendre le temps de se poser, qu’on soit étudiant ou qu’on soit salarié aujourd’hui, de prendre le temps de préparer un peu l’après, de commencer à réactiver un peu son réseau, potentiellement de commencer à réfléchir un peu à son offre, à ce qu’on va pouvoir vendre en termes de compétence, en termes de mission et puis, potentiellement, d’aller aussi chercher ses premières missions avant même d’avoir quitté son job.
Moi, c’est ce que j’ai fait, ce qui a plutôt bien marché, donc voilà ce que je dirais à mon moi des débuts.
6. Comment te vois-tu dans 10 ans ? Toujours freelance, tu lances ta boîte ou bien retour à un bon vieux CDI ?
J’ai déjà du mal à me projeter à trois-quatre ans. Du coup à 10 ans, je ne saurai pas quoi te répondre. Mais je pense que ma réponse d’aujourd’hui sera différente dans un an, voire deux ans. Ce qui est sûr, personne n’en est pas d’abri, mais je ne pense pas retourner dans le salariat. Mon quotidien aujourd’hui me convient parfaitement et même malgré parfois l’incertitude, les revenus un peu en montagnes russes, je ne regrette aucune des décisions que j’ai prises depuis maintenant deux ans et demi.
Donc oui, toujours freelance, je pense. Moi, je m’éclate vraiment à être freelance. Généralement, beaucoup disent : « le freelancing, c’est un peu une passerelle avant de lancer ta boîte, de recruter, de créer parfois une vraie boîte en tant qu’entrepreneur ». Moi j’avoue que c’est un vrai kiff d’être freelance. J’adore accompagner mes clients, j’adore négocier, j’adore gérer mes projets. Donc, j’aimerais bien garder le maximum de missions, en tout cas d’avoir un petit pourcentage de mon temps qui est consacré aux missions.
Et bien sûr, j’aimerais avoir encore autant d’énergie, de passion et d’envie pour bosser sur Tribu Indé. Dans 10 ans, il y aura sûrement peut-être une équipe sur Tribu Indé. Est-ce qu’on parlera de boîte ? Peut-être, mais il y aura toujours cette double casquette freelance entrepreneur en tous cas. Et puis, j’espère qu’on se refera peut-être une interview d’ici 10 ans.
Mais j’aimerais bien que Tribu Indé se développe, qu’il y ait de nouveaux projets. Ce que j’aime bien faire, c’est que j’ai souvent un gros projet par an. 2018, j’ai quitté mon job ; 2019, je lance le podcast ; 2020, j’écris un livre ; 2021, il y aura d’autres gros projets, notamment des projets payants sur Tribu Indé et puis d’autres projets qui nécessitent pas mal de logistique. Mais donc dans 10 ans, il y aura encore 10 nouveaux gros projets qui seront sortis à la fois à titre personnel et pour Tribu Indé. Voilà un petit peu ce que je peux te dire là-dessus.
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