Les méthodes agiles, telles que Scrum, font maintenant partie des outils de gestion devenus classiques. Mais elles posent un problème : elles se limitent à la taille d’une équipe… Il est cependant possible d’étendre la gestion agile à l’ensemble d’une entreprise, notamment grâce à l’utilisation de frameworks tels que SAFe.
Ce schéma d’organisation vous intéresse ? Vous voulez en savoir plus ? Apprendre à le déployer au sein d’une entreprise ? Faisons le point ensemble !
SAFe, qu’est ce que c’est ?
SAFe, c’est l’abréviation de Scaled Agile Framework. Ce nom nous donne déjà un premier indice sur l’idée derrière ce cadre : de l’agilité à grande échelle.
SAFe, le contexte
En effet, si l’agilité (Scrum, Kanban, etc.) est aujourd’hui monnaie courante dans les équipes, notamment informatiques, elle est souvent limitée à ce scope.
Les méthodes agiles définissant des rôles spécifiques ; elles ne sont pas extensibles au-delà d’une certaine taille d’équipe.
Et lorsqu’on retrouve plusieurs équipes agiles au sein d’une même entreprise, ou que l’agilité est utilisée seulement par certains départements de celle-ci, la coordination globale devient complexe.
Et c’est là le but de SAFe : adapter l’agilité du cadre restreint de l’équipe au format entreprise.
Son historique
SAFe a initialement été publié en 2011, notamment par Dean Leffingwell, développeur logiciel et consultant en management.
Depuis, 5 versions majeures ont été déployées, la dernière en date étant la 5.1, sortie en février 2021.
SAFe, les avantages
Les avantages de SAFe sont de pouvoir répondre au besoin déjà évoqué : étendre au format entreprise l’agilité d’une équipe.
Scaler l’agilité a plusieurs avantages :
- Une meilleure cohérence globale, au niveau de l’entreprise ;
- Une meilleure vision d’ensemble et du futur de la part de tous les acteurs ;
- Une homogénéisation des objectifs pour avancer dans la même direction.
Suivant la taille et le secteur d’activité d’une entreprise, répondre à ces problématiques peut amener d’importants bénéfices.
Les limites du frameworks
Bien sûr, comme tout bouleversement d’organisation, SAFe ne vient pas qu’avec des avantages et a aussi ses propres limites.
Il n’est par exemple pas forcément utile de se mettre à utiliser ce framework dans une entreprise de moins de 50 personnes, cela pourrait au contraire complexifier les processus.
Aussi, comme les autres frameworks agiles, il peut être difficile à mettre en place. Non seulement parce que son déploiement peut rencontrer certaines réticences au sein de l’entreprise, mais aussi à cause du framework en lui-même.
Il vient en effet avec un ensemble de règles, de rôles et d’évènements à introduire. Or, comme tout système d’organisation, il est difficile de respecter complètement de nouveaux processus qui viennent changer une organisation.
Le fonctionnement de SAFe
Maintenant que nous avons vu les avantages de SAFe, voyons en détails ce que ce framework propose !
Les 10 principes agiles de SAFe
Si Scrum vient avec trois piliers, SAFe apporte lui 10 principes. Passons en revue ces principes, qui nous donnent un bon aperçu de SAFe et de son fonctionnement.
1) Adopter une vision économique
Selon SAFe, il faut adopter une organisation globale qui prend en compte une vision et une réalité économique. Si le budget est serré, cette contrainte doit être connue de tous, et pas seulement des décideurs.
2) Appliquer une pensée systémique
SAFe demande aussi l’adoption d’une pensée systémique. C’est-à-dire, avoir une vision globale de l’entreprise, de l’organisation et du ou des produits développés. C’est le cas notamment dans trois domaines clés : la solution, l’entreprise qui la développe et les flux de valeurs.
Une équipe doit par exemple savoir comment son élément va s’intégrer à l’ensemble.
3) Supposer la variabilité ; préserver les options
Il faut supposer et accepter la variabilité qu’un projet de développement d’un produit impose. Plus le produit est gros, plus il y a d’équipes, plus la conception aura une part d’incertitude.
Partant de ce principe, il faut identifier les options viables au fur et à mesure de l’évolution du projet, et les affiner lorsque le produit évolue.
4) Construire de manière incrémentale via des cycles d’apprentissages rapides
Cela fait suite au point numéro trois, notamment pour l’identification des options. Construire de manière incrémentale via des cycles, et ce entre équipes, aide à identifier les problèmes et les différentes options à garder et adopter.
5) Définir les étapes sur une évaluation objective des systèmes de travail
Commencer le développement d’un produit sur une évaluation objective des systèmes de travail fait partie des principes de SAFe. C’est-à-dire, plutôt que de partir d’un document d’exigences, inclure toutes les parties prenantes dans la réflexion et la définition des étapes à suivre.
6) Limiter le travail en cours, réduire la taille des lots et gérer la longueur des files d’attente
Ce principe vise à l’optimisation du processus de développement. Il faut limiter et cadrer le développement en cours afin de synchroniser les différentes équipes. Réduire la taille des lots (tâches à faire) permet de faire un suivi plus fin, des tests plus précis.
7) Mettre en place une cadence, synchroniser avec la planification transverse
Déjà évoquée précédemment, il s’agit d’une règle importante : il faut mettre en place de la planification entre les différentes équipes. Cela se fait notamment sous forme de sprints, déjà utilisés dans les méthodes agiles.
L’important est de synchroniser toutes les équipes afin d’avancer de manière optimale.
8) Débloquer la motivation intrinsèque des travailleurs du savoir
Autrement dit, libérer le potentiel des équipes et aider la direction à la prise de décision et à la manière dont elle va diriger ces équipes.
9) Décentraliser la prise de décision
Bien qu’il doive y avoir une équipe décisionnaire (pour définir une stratégie globale, en fonction de résultats attendus ou de contraintes financières), des responsabilités doivent être déléguées à chaque équipe. Le savoir étant distribué, la direction doit pouvoir donner aux équipes la responsabilité de faire ses propres choix (notamment techniques ou marketing).
10) S’organiser autour de la valeur
Plutôt que de s’organiser autour de la rentabilité et de l’efficacité, il faut penser plutôt à la valeur du produit. En pensant d’abord à la valeur ajoutée, on se concentre sur le développement de fonctionnalités, du produit en tant que tel, et on le délivre plus rapidement.
De même, si des changements sont demandés par la MOA, le fait de s’être concentré sur la valeur permettra un changement de stratégie plus facile.
Les 12 étapes d’implémentation de SAFe
Si vous voulez en savoir sur l’implémentation de SAFe dans une entreprise, elle se déroule en 12 étapes définies par le framework :
1 – Atteindre le point de bascule ;
2 – Former les agents du changement lean-agile ;
3 – Former les responsables, managers et directeurs ;
4 – Créer un centre de l’excellence lean-agile ;
5 – Identifier les flux de valeur et les ART (Agile Release Trains) ;
6 – Élaborer le plan d’implémentation ;
7 – Préparer le lancement de l’ART ;
8 – Former les équipes et lancer l’ART ;
9 – Préparer l’exécution de l’ART ;
10 – Lancer d’autres ART et des flux de valeur ;
11 – Étendre au portefeuille ;
12 – Accélérer.
Pour en savoir plus sur les étapes, rendez-vous sur la page officielle expliquant la feuille de route d’implémentation SAFe.
Les alternatives à SAFe
Tout comme Scrum n’est pas la seule méthode agile utilisée (Kanban, Scrumban), SAFe n’est pas non plus le seul framework d’agilité à l’échelle d’entreprise existant. Voyons quelques concurrents de SAFe.
Scrum de Scrums
Scrum de Scrums est par exemple une alternative, bien qu’elle n’ait pas la même organisation que SAFe.
Ce framework agile, évoqué pour la première fois en 1996, a pour but de coordonner des équipes Scrum. Un produit ou une gamme de produits liés peut en effet requérir plus d’une équipe. Ou, une équipe devenant trop grosse, peut (et doit) être séparée en plusieurs. Il faut alors trouver un moyen de garder une certaine agilité et organisation entre les équipes.
On crée alors de nouveaux rôles, comme des super product owner, ou super scrum master, chargés de faire la liaison entre ceux des différentes équipes.
Large-Scale Scrum (LeSS)
Un autre exemple de framework permettant d’implémenter de l’agilité à grande échelle, c’est le Large-Scale Scrum (LeSS).
LeSS se veut plus simple que SAFe. Si ce dernier framework vient avec un ensemble complexe de règles et de rôles, Large-Scale Scrum a pour vision d’élargir le rôle d’une équipe Scrum plutôt que de créer une super structure.
Par exemple, avec LeSS, on a un seul product owner (qui a pour mission de faire la liaison entre les équipes tech et business), un seul backlog et une seule definition of done.
Les certifications SAFe
Comme pour les autres méthodes agiles, il existe des certifications SAFe, permettant de valider ses compétences et de s’ouvrir de nouvelles perspectives professionnelles.
Via le site Scaled Agile, vous pouvez trouver un nombre assez important de différentes certifications SAFe, par exemple :
- Leading SAFE ;
- Implementing SAFe ;
- SAFe Product owner ;
- SAFe Scrum Master.
Et bien d’autres !
Si vous voulez en savoir plus sur ce qu’apporte une certification dans le monde professionnel, nous avons un article dédié à ce sujet !
Conclusion
On l’a vu, Scaled Agile Framework est certes un framework de méthodes agiles, mais différent des autres existants. Si Scrum, largement utilisé, permet d’instaurer l’agilité dans une équipe, SAFe existe lui pour l’étendre à une entreprise.
Cette mise en place peut être bénéfique pour une organisation, mais la complexité du framework peut provoquer des frictions dans son implémentation.
Avez-vous de l’expérience avec SAFe ? Prévoyez-vous de l’instaurer dans votre entreprise ?
Dites-le nous en commentaire !